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La colibacillose est une maladie bactérienne due à Escherichia coli. C'est une bactérie qui est présente de façon normale mais dans une faible proportion dans le tube digestif des canaris.

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Cependant, à la faveur de facteurs favorisants comme une hygiène de l'aliment et/ou de l'eau imparfaite ou un déséquilibre alimentaire, elle peut proliférer dans le tube digestif et devenir pathogène, c'est-à-dire provoquer une maladie.

C'est probablement la cause la plus importante de diarrhée et de mortalité des oisillons au nid. Les symptômes majeurs sont en effet une diarrhée des oisillons qui se déclare assez rapidement, parfois 2 ou 3 jours après la naissance. L'éleveur la remarque facilement car les jeunes sont humides et poisseux, leur duvet est collé et le nid est couvert de fientes jaunâtres que la femelle ne peut pas nettoyer car trop liquides. On peut aussi parfois remarquer que les oisillons respirent difficilement. Les jeunes se déshydratent et ne grossissent pas. Enfin, on peut remarquer que les parents ne sont pas atteints la plupart du temps par la maladie mais la femelle est très sale, son plumage est souillé de fientes et très humide, notamment au niveau du ventre, partie en contact avec les jeunes sur le nid. C'est pour cela que la maladie est parfois appelée "suée".
Les jeunes meurent la plupart du temps à l'âge de 7-8 jours quand vient l'heure du baguage qui est tardif à cause de leur manque de croissance.

Le traitement de cette maladie est un antibiotique. Tout le problème étant d'en trouver un qui sera efficace.
. Lorsque les oisillons sont uniquement atteints d'une diarrhée (pas de signes respiratoires), je conseille d'utiliser un médicament à base de néomycine. On pourra le distribuer dans l'eau de boisson ou mieux dans la pâtée aux oeufs destinée à nourrir les jeunes. Bien évidemment les médicaments contenant cette molécule ne sont pas disponibles en pharmacie sans présenter une ordonnance vétérinaire.
. Si les oiseaux ont des symptômes supplémentaires comme une respiration difficile, il faut alors utiliser d'autres molécules qui agissent sur l'ensemble de l'organisme et qui ont un spectre plus large (la néomycine reste en effet dans le tube digestif sans passer dans la circulation sanguine). Je me garderais cependant bien de donner des noms de molécule puisque ce sont souvent des antibiotiques critiques (c'est à dire qui engendrent des résistances bactériennes dangereuses pour la santé humaine), seuls les vétérinaires peuvent choisir quelle molécule serait la plus adaptée en première intention et de toute façon une ordonnance vétérinaire est obligatoire pour obtenir le médicament en pharmacie.

Le choix des molécules est toujours délicat et on n'est jamais sûr que l'antibiotique soit efficace contre la bactérie. Pour faire le bon choix plus rapidement, il faut prélever des fientes sur le nid et les confier à un laboratoire d'analyse vétérinaire qui testera l'efficacité de plusieurs molécules (on appelle cela un antibiogramme), on réservera cette éventualité en cas d'échec du traitement choisi en première intention.

La pratique systématique de "blanchir" ses oiseaux avec des antibiotiques avant la reproduction conduit à diminuer l'efficacité des antibiotiques (développement de résistances des bactéries). Ainsi lorsque les oisillons sont réellement malades, les médicaments distribués à tour de bras tous les ans ne sont plus efficaces quand on a vraiment besoin d'eux ! C'est pourquoi je déconseille cette pratique.

Remarque : Un produit régulièrement cité par l'ensemble des éleveurs pour traiter cette maladie contient des tétracyclines. Il peut être efficace mais ce n'est pas le plus indiqué (cf ci-dessus). De plus l'habitude des éleveurs de le distribuer systématiquement pour blanchir à la naissance diminue son efficacité. Enfin il faut savoir que les tétracyclines se fixent sur le calcium et deviennent alors inactives. Il faut donc impérativement les distribuer dans une eau peu calcaire (éviter l'eau de robinet) et ne pas complémenter la pâtée en calcium pendant le traitement. Erreur très souvent faite.

Cependant un traitement antibiotique n'est efficace que si des mesures hygiéniques majeures et draconiennes sont prises en parallèle.

En effet les oiseaux se contaminent en consommant une nourriture ou de l'eau souillée, on veillera donc à changer l'eau régulièrement et à distribuer la pâtée aux oeufs plusieurs fois par jour dans des mangeoires propres. Il ne faut pas hésiter à distribuer l'aliment dans une nouvelle mangeoire à chaque fois si elle est souillée par une fiente. Le matériel (fontaine et mangeoires) sera nettoyé puis désinfecté.

Si les parents ne développent pas de maladie, ils portent néanmoins la bactérie et l'entretiennent dans l'élevage. Ils bénéficieront donc du même traitement antibiotique. Il faudra également attraper la femelle et nettoyer son plumage avec de l'eau tiède puis bien la sécher. Ceci est très important car si elle perd sa couvée et qu'elle pond à la suite, elle peut contaminer les oeufs en souillant leur coquille! En aucun cas ne lui fournir un bain puisque les canaris boivent souvent l'eau de leur bain qui sera alors un bouillon de culture plein de bactéries ! Imaginez les conséquences du nourrissage suivant.

On changera également très régulièrement le nid qui se salit très rapidement, tous les deux jours si nécessaire. Enfin et évidemment, on nettoiera le fond de cage et le matériel (perchoirs etc.) le plus régulièrement possible.

Toutes ces actions diminuent fortement le nombre de bactéries dans l'environnement de l'oiseau et évitent leur recontamination. C'est indispensable !

L'éleveur doit se méfier de ne pas disséminer la maladie dans l'ensemble des cages de son élevage. C'est pourtant ce qui se passe le plus souvent car les bactéries se retrouvent sur ses mains qui les disséminent partout et très facilement !

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Pour éviter cela, il faut s'occuper des cages atteintes en dernier, ne pas changer le matériel de cage sans le nettoyer et le désinfecter et surtout se laver les mains. Dès que la nourriture a été distribuée et si le matériel souillé a été contact avec vos mains, il faut se les laver avec un savon ou une solution hydro alcoolique pendant un temps suffisant (30 secondes minimum).

Avec la combinaison de toutes ses mesures, la maladie sera enrayée assez rapidement dans votre élevage.

Le symptôme le plus flagrant de cette maladie est ce point noir. Il est visible à travers la paroi abdominale sur le côté droit. Il est certain qu'il s'agit d'une dilatation de la vésicule biliaire qui est remplie d'une bile épaisse et foncée.
La maladie touche les jeunes au nid, le point noir est parfois visible au moment même de l'éclosion. Les oisillons meurent dans les jours ou les semaines qui suivent leur éclosion. La mortalité est très variable, certains élevages connaissent des pertes très importantes lors d'une saison d'élevage (90 à 100% de mortalité) tandis que d'autres ont seulement une dizaine de cas par an avec une mortalité faible. On peut donc penser qu'il existe des souches plus ou moins résistantes.

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Il semble que l'agent pathogène responsable de cette maladie est un virus de la famille des circoviridae qui est spécifique du canari (nommé CaCV), découvert en 1995.
Tout le monde s'accorde à dire qu'il s'agit du responsable mais personne ne sait précisément comment il agit et surtout où il agit.

En effet j'ai lu de nombreux articles à ce sujet qui citent tous des affections différentes telles que des inflammations des muqueuses de l'appareil digestif (épithélium buccal, proventricule, intestin), un liquide dans l'appareil respiratoire, des inclusions musculaires... Bref rien n'est clair à ce sujet.
Se pose aussi la question de la transmission. Le virus passe t'il verticalement (de la mère à l'oeuf), horizontalement par contact ou les deux ? Rien à ce sujet.

J'ai donc essayé de comparer avec un virus mieux connu responsable de la maladie du bec et des plumes chez les psittacidés qui est aussi un circovirus.
De récentes études montrent qu'il est transmissible verticalement et horizontalement et qu'il agit sur le système immunitaire provoquant une immunodépression. Les oiseaux meurent alors de surinfections bactériennes. Peut-être en est-il de même pour les canaris ??
Voilà ce que la communauté scientifique nous apporte sur le sujet...
Il ne s'agit donc pas de génétique comme j'ai pu le lire et pas non plus de bactéries.

Quel traitement adopter??
Premièrement les antibiotiques ne sont pas actifs contre les virus! Il est évident qu'un traitement contre un virus est beaucoup plus difficile à mettre en place. Le moyen de lutte le plus efficace serait la vaccination. Tout le problème étant que les recherches sur le canari dans le domaine vétérinaire sont minimes et qu'un vaccin ne s'inventera pas tout seul... et ne serait pas rentable! Nous pouvons donc oublier!
Ce que l'on peut faire :
. Désinfection des locaux (difficile à mettre en place, le virus est très résistant...)
. Gavage à la seringue pour aider les jeunes en retard
. Complémentation vitaminique et protecteur hépatique (SedocholND par exemple)
. Stimulation du système immunitaire (Je suis en train de chercher des produits qui pourrait être efficaces)
Pourquoi certains éleveurs constatent-ils tout de même une mortalité moindre avec des antibiotiques :
Comme les oisillons sont immunodéprimmés, ils sont beaucoup plus sensibles aux infections bactériennes qui sont donc secondaires. On parle de "surinfections". On peut par exemple observer des oisillons qui sont beaucoup plus sensibles à la colibacillose, donner des antibiotiques permet donc de protéger contre les surinfections bactériennes mais cela n'élimine pas le virus.
Je conseille donc de donner un antibiotique pour protéger les oiseaux atteints et leur éviter des problèmes suplémentaires.

J'espère que ce petit article vous permettra de mieux comprendre cette maladie.

Il faut tout d'abord savoir que les oiseaux ont une température corporelle plus élevée que chez les mammifères (42°C). De plus ils ont la capacité de voler, ils ont donc besoin d'un apport en énergie très important et de ce fait un système respiratoire performant.
On pourrait alors me donner un contre exemple : la chauve-souris est un mammifère volant, qu'apporte donc de plus le système respiratoire des oiseaux ??

Le corps de l'oiseau contient plusieurs sacs aériens de grande taille à parois fines. Les deux poumons sont petits et localisés le long de la colonne vertébrale.
Cf le schéma n°1 et le schéma simplifié n°2 qui regroupe en deux ensembles tous les sacs antérieurs d'une part et tous les sacs postérieurs de l'autre. Voyons quelle est leur utilité :
Première idée fausse, ces sacs ne sont pas là pour que l'oiseau soit plus léger !! Mettez des ballons sous votre pull-over et pesez vous avant et après, aucun miracle ne s'est produit...

Les poumons ne peuvent pas bouger contrairement à l'homme par exemple. En effet la cage thoracique se doit d'être stable puisque les ailes sont reliées par les muscles au bréchet.
Il y a donc un système de sacs qui se remplissent lors de l'inspiration et expulsent leur contenu dans les poumons lors de l'expiration (cf schéma n°2)
Remarque : l'air dans l'étape b) ne peut que suivre le chemin des poumons et non ressortir par le conduit d'entrée grâce à un système de résistance aérodynamique (le passage n'est possible que dans un sens).
Il faut donc 2 cycles pour que l'air fasse le tour complet du système. Mais quel est le progrès ??
Tout simplement : L'air ne peut s'écouler que dans un seul sens !! Il y a donc un flux unidirectionnel qui permet un apport d'air frais continu contrairement aux mammifères, en effet l'air que nous inspirons fait le trajet inverse pour ressortir !

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Voici un problème que l'on peut rencontrer en élevage : Il peut arriver qu'un sac aérien se rompe a la suite d'une infection ou d'un choc. L'air se répand alors sous la peau et l'oiseau est gonflé comme un ballon de baudruche (cf photo ci-dessous). C'est l'emphysème sous-cutané. S'il est important, l'oiseau va respirer anormalement et des complications peuvent survenir.
On peut tenter d'aspirer l'air en ponctionnant avec une aiguille stérile montée sur un seringue, cependant il arrive souvent que l'oiseau gonfle à nouveau et il faut recommencer l'opération parfois deux ou trois fois. Si les récidives sont récurrentes, on peut aussi inciser la peau avec une lame de bistouri de manière plus importante, le sac aérien aura alors plus de temps pour cicatriser.

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